La colonie africaine de Leverkusen, incarnée par Victor Boniface (Nigeria), Edmond Tapsoba (Burkina Faso), Kossonou Odilon (Côte d’Ivoire), Adli Amine (Maroc) et Nathan Tesla (Nigeria), va vivre une fin de saison idyllique. Ces internationaux africains pourraient être sacrés champions, dès cette journée, en cas de défaite simultanée du Bayern, qui reçoit Cologne, et d’une victoire à domicile face au Werder. Mais, un victoire les sacre dans les cas. L’un dans l’autre, la question légitime que l’on se pose dans le landerneau du football allemand, est de savoir quand est-ce que l’équipe de Xabi Alonso sera sacrée, tant elle aura survolé les débats.
Boniface Victor, le dynamiteur
S’il n’avait pas été sur le flanc durant trois mois, peut-être qu’il serait aujourd’hui dans la course pour le titre du meilleur buteur de l’exercice. Ses premiers coups d’éclat (4 buts en 3 matchs) et surtout ses deux doublés laissaient présager une kyrielle de réalisations, en fin de championnat. Seulement, Victor Boniface se contentera de ses dix buts en 17 titularisations, pour l’instant. Lui qui a retrouvé le goût des terrains lors de la demi-finale de la Coupe d’Allemagne, face à Düsseldorf, a de la matière pour les deux derniers mois de la saison. Fort de ses 88 kilos, du haut de ses 1m93, outre le titre de champion presque acquis, Leverkusen jouera la finale de la Coupe d’Allemagne et les quarts de l’Europa League.
Adli Amine, le métronome
De la lignée de ses prédécesseurs, le Marocain est un excellent joueur de ballon. La formation française en bandoulière, il dépose ses baluchons comme un parfait inconnu en Rhénanie, en provenance de Toulouse où il est sacré champion en Ligue 2, en 2022. Au fil des rencontres, il se montre au grand jour. Ses rentrées, souvent ponctuées par des passes décisives (8, toutes compétitions confondues), font de lui un suppléant idéal dans une équipe qui court après le graal. Pas grand buteur (seulement 2 réalisations en 19 rencontres), il aura grandement impacté dans le rayonnement de l’équipe. Celui qui a raté la CAN 2023 avec le Maroc, pour cause de décès de sa maman, se positionne comme une alternative crédible au milieu de terrain, dans l’effectif chérifien. Du haut de ses 1m80, il manie le ballon comme un orfèvre. À juste 23 ans, celui qui exerce une influence dans le jeu de Leverkusen, est promis à une belle carrière.
Kossonou et Tapsoba, les gardiens du temple
Il faut remonter longtemps en arrière, pour voir trace de deux Africains trônant en défense centrale d’une formation de la Bundesliga. Xabi Alonso l’a osé, Tapsoba et Kossonou le lui ont bien rendu. Aujourd’hui, avec un ratio de 0,6 but encaissé à l’aune de la 29ème journée, la solidité défensive de l’équipe du Rhin constitue le socle du succès. Dans cette entreprise, Kossonou (Côte d’Ivoire) et Tapsoba (Burkina), titulaires respectivement à dix-sept et dix-neuf reprises, ont revêtu les habits de gardiens du temple. Pour l’Ivoirien, auteur d’une réalisation en championnat, sa partition dans l’animation défensive a été fort appréciée. Son retour de CAN, auréolé du titre de champion d’Afrique, lui aura donné beaucoup plus de confiance et de crédit. Il peut se déployer dans l’axe d’une défense à quatre ou occuper l’axe gauche d’une défense à trois avec son intelligence dans le jeu, son sens du déplacement et ses courses pleines d’autorité. Associé à Tapsoba qui fait preuve d’une grande finesse technique et d’une facilité dans les relances, Leverkusen tient une belle paire de gardes-chiourmes, dans la quête du graal.
Nathan Tella, l’apprenti qui fait du bien
Aux côtés de Boniface, il continue de faire ses gammes dans une formation qui vit un rêve éveillé. Le moins connu et le moins coté des internationaux africains de la colonie de Leverkusen continue sa progression à l’ombre. Ses statistiques (5 buts en 19 rencontres de championnat) ont permis à l’équipe de récolter des points importants dans la course au titre. Le natif de Stevenage, en Angleterre, a étrenné ses premières sélections avec le Nigeria, lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2026, face au Lesotho et au Zimbabwe. Cet ailier de 24 ans, en vrai renard des surfaces, sait que son heure viendra, malgré la bagatelle de 22 réalisations à son actif, la saison dernière avec Burnley.
Après cent ans d’existence, et malgré une progression linéaire sur la scène locale, le Bayer n’a jamais remporté de titre de champion. C’est à travers ce prisme qu’on peut apprécier la grosse performance des internationaux africains au sein de cette formation, qui demeure invaincue, toutes compétitions confondues.
Séga DIALLO