Un joyau de plus de 50 ans parti en ruines
À la fin de la sommation des 72 heures, la Direction de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation du Sol (DSCOS) est passée à l’acte. Malgré les multiples interpellations de la fédération de judo et des acteurs du judo, le Dojo national Amara Dabo a été démoli hier mardi, sous l’œil impuissant de la Fédération sénégalaise de Judo et Disciplines associées (FSJDA).
À l’intérieur du Dojo, la FSJDA a pratiquement emporté tout son matériel. Sous la supervision des gendarmes postés devant le bâtiment, le personnel de la FSJDA, aidé par des agents de la DSCOS démontent les quelques installations qui restent encore dans la salle. Une bonne partie des matériels de la FSJDA est mis sous un hangar qui se trouve derrière le Dojo. L’un des gendarmes, qui encerclent le bâtiment, nous informe que les agents de la DSCOS procèderont à la démolition complète du bâtiment d’une minute à l’autre.
Et c’est avec stupéfaction et désolation que les fédéraux, des pratiquants et des amateurs présents sur les lieux assistent à la démolition du Dojo national, qui fait également office de siège de la FSJDA.
«C’est le judo sénégalais qui est à terre»
«On assiste aujourd’hui à la démolition du Dojo national, temple du judo sénégalais. On assiste à la démolition du lieu où les judokas se réunissaient pour les formations techniques, les formations d’arbitrage, de perfectionnement, d’entraînement des équipes nationales de judo. Aujourd’hui, on n’a pas où s’entraîner, alors qu’il y a des échéances à venir. Aujourd’hui, le judo sénégalais est à terre. C’est un sentiment de désolation qui nous anime. Au moment où toutes les fédérations ont leur propre siège, la FSJDA n’en a pas. On est vraiment désolé que l’Etat, qui nous délègue ses pouvoirs de service public, nous abandonne. C’est à nous de nous débrouiller», se désole Aly Bodian, trésorier général de la FSJDA.
«On souhaitait rester ici pour préparer les jeux olympiques»
«Ça fait très mal, j’ai competi ici pendant plus de 30 ans. Notre seul souhait est d’avoir un Dojo national plus grand et plus moderne. Notre combat n’a pas porté ses fruits. Nous sommes dans une année olympique, il est important que les judokas commencent à s’entraîner pour les JO 2024 et les JOJ 2026. On souhaitait rester ici pour préparer les jeux olympiques. C’est dommage», renchérit Hyacinthe Faye, entraîneur de judo.
«Catastrophe nationale pour ce temple mythique»
«C’est une tristesse immense et une catastrophe nationale, vu ce que représente ce temple mythique des arts martiaux, qui nous a permis, nous pratiquants d’évoluer sur ce tatami. Le Dojo national a vu naître beaucoup de champions du Sénégal, de Champions d’Afrique, mais aussi de sommités mondiales et africaines. L’État aurait dû avant de déguerpir la Fédération nous trouver d’abord un lieu qui allait nous permettre de faire nos manifestations», se désole également le pratiquantSensei Habib Cole.
Tidiane SY