(stades.sn) Les tournois continentaux qui se tiennent en fin de saison ne permettent pas souvent aux joueurs cadres, sur la brèche toute la saison, de tirer leur épingle du jeu. Cet Euro 2024, qui se tient en Allemagne, ne déroge pas à la règle, car beaucoup de stars arrivent cramés, après une saison chargée, au cours de laquelle ils auront disputé plus de cinquante rencontres. Amené à décrypter le premier tour de l’Euro et les huitièmes de finale, il tire un bilan assez satisfaisant du niveau, malgré ces avatars. Avant de s’extasier sur les pépites Yamal et Williams.
Interpellé pour apporter un éclairage sur cette compétition qui jouera ses premiers quarts de finale demain, Amara Traoré, l’ancien attaquant de Gueugnon et sélectionneur national, n’y va pas avec le dos de la cuillère. «C’est un tournoi continental qui se dispute en fin de saison avec ses tendances et ses nouveautés. Le premier enseignement à tirer est relatif à cette fatigue que traînent comme un boulet certains grands joueurs. Cette lassitude engendre un manque d’ingéniosité de leur part. la conséquence est que peu d’individualités émergent du lot, car quand on manque de jus, il devient difficile de créer. Mais au même moment, de jeunes pousses montrent grandement le bout du nez, à l’image des deux milieux excentrés espagnols qui régalent. Heureusement que Yamal et Williams impriment un très bon rythme à cette compétition, en alliant talent, ingéniosité et générosité. Ils sont tous simplement agréables à regarder jouer. C’est le football dans sa plénitude, avec beaucoup de spontanéité que l’on aime», décrypte le technicien.
Dans les généralités, il remarque que les équipes supposées inférieures «optent pour le bloc bas. À l’image de la Géorgie, qui n’a malheureusement pas tenu face à l’Espagne. Malgré ses cinq défenseurs, les Espagnols nous ont fait adorer (encore) les attaques placées et les attaques rapides. Des modèles du genre. Ce match nous a montré qu’ils adoraient toujours la possession, mais qu’ils déployaient aussi un gros effort dans la reconquête du cuir. Après ce sont des phases de conservation progressive et verticale dans le dernier tiers adverse, quel bonheur dans la cohérence ! ».
Non sans souligner que certaines écuries sont confrontées à un manque de réussite affligeant. Du coup, la critique s’abat sur elles malgré leur qualification en quarts de finale. «L’exemple de la France est assez édifiant. Cette équipe manque de réussite, car elle ne concrétise que très peu le nombre d’occasions qu’elle se crée. Mais aux détracteurs, je dis que quand une équipe se crée des opportunités, c’est qu’il y a du bon dans le contenu. Maintenant, c’est une question de confiance et de timing dans le dernier geste», ajuste Amara Traoré.
À l’en croire toujours, ce tournoi de fin de saison laisse apparaître de belles perspectives, notamment en quarts de finale avec l’affiche phare, Espagne/ Allemagne. Le pronostic est simple pour le technicien. «Je mettrai une pièce sur l’Espagne. Car l’Allemagne, malgré son jeu puissant, direct et très enthousiaste, est orpheline de talents percutants comme Yamal et Williams. Ces deux étoiles brillent dans cet Euro et seront les détonateurs du jeu espagnol qui dispose, au passage, d’une bonne paire de milieux, travailleurs et joueurs, avec Rodri et Ruiz», se justifie-t-il.
Quant aux Pays-Bas, il pense que cette équipe dispose de beaucoup d’atouts pour aller au bout, mais «son manque de constance se révèle son premier handicap».
Séga DIALLO