(stades.sn) Venu assister au match contre le Stade de Mbour, samedi, au stade Amadou Barry, le président de Teungueth FC, Babacar Ndiaye, s’est prononcé sur la fête du titre avortée de son équipe championne de Ligue 1.
Entretien.
Président, ce match contre Stade de Mbour donnait à Teungueth FC l’occasion de fêter son titre à domicile, en communion avec ses supporters, mais les données ont changé. C’est un match sur terrain neutre et à huis clos. Quels sont vos sentiments par rapport à cette situation ?
Ça c’est un fait inédit dans le monde du football, pas seulement au Sénégal. Ce match à huis clos, je ne sais même pas ce qui a motivé cette décision, parce que même si cette décision vient d’une commission indépendante et tombe à la Ligue, celle-ci peut agir, dire que nous sommes une jeune Ligue depuis Louis Lamotte, Saër Seck, nous essayons de vendre ce football local, laissez-nous faire la fête, une suspension se fera la première journée de l’année prochaine. Nous avons vu Pikine / Guédiawaye être suspendu. Et pourtant, ce match a été politiquement délocalisé au stade Abdoulaye Wade. Ça, il ne faut pas l’oublier. Et pourquoi suspendre le stade Ngalandou Diouf ? S’il y a eu des échauffourées entre Jaraaf et Teungueth FC à Ngor, le stade Ngalandou Diouf ne s’est pas déplacé. Ce n’est pas parce qu’il faut taper sur la table qu’il faut le faire aveuglément.
Vous voulez dire que cette décision n’honore pas le football local ?
Ça n’honore pas du tout le football. On n’est pas dirigeant pour dire oui ou non et faire partie des convois des équipes nationales. Il faut gérer ce football local. Je reviens du Togo, où j’ai vu quelques installations. On est très loin des pays voisins. Le Sénégal a un football exportateur, mais localement vous allez voir tous les jeunes qui ont plus de 7 buts vont partir. Là, contre Stade de Mbour, tous nos joueurs sont contactés par des clubs et ils n’ont pas la tête ici. On ne peut pas leur en vouloir, même avec un salaire de 400.000 FCFA, ils ne veulent plus rester au Sénégal.
Dans ce contexte apparemment compliqué, vous allez préparer votre campagne africaine en Ligue des champions…
Nous n’avons pas attendu la dernière journée pour nous renforcer. Nous avons déjà trois arrivées officielles, des locaux confirmés, dont nous tairons leurs noms. Il faut mettre un peu de taille, de puissance dans l’équipe. C’est une équipe relativement très jeune. D’où l’explication de caler par exemple certains matchs à pression comme contre Jaraaf, Guédiawaye, Pikine. Il faut passer par là pour grandir. Les jeunes, c’est deux expériences. Ça peut être comme l’expérience de Diambars. Ça passe ou ça casse. Alhamdoulilah, il y avait 14 équipes, Dieu nous a donné le titre de champion.
Pouvez-vous d’ores et déjà décliner les objectifs de Teungueth FC pour la campagne africaine ?
Déjà, il faut se donner les moyens de ses objectifs. On veut représenter le Sénégal, mais je ne vais pas vendre ma maison pour emmener Teungueth FC en Afrique. Aujourd’hui, le football local, en termes de recettes, on a zéro. On a fait des frais pour préparer ce match contre Stade de Mbour. On avait invité tous nos sponsors, les PDG des filiales. On voulait leur vendre le football local. Ils devaient venir voir les feux d’artifice, les fumigènes. Une manière de les inciter à venir au football local. C’était prévu pour aujourd’hui (Ndrl : samedi passé). Moi-même, j’ai dû acheter une vingtaine de tickets, dont cinq loges de 150.000 FCFA pour des DG de société, pour qu’ils viennent voir le match et qu’ils investissent. Le procès-verbal (de suspension du stade Ngalandou Diouf) est tombé le vendredi, alors que les invitations étaient déjà envoyées, les sièges numérotés, une belle sécurité mise en place pour une belle fête. Le prestataire pour les jeux de lumière, les feux d’artifice, tout était fait. Heureusement, les prestataires sont compréhensifs. Mais ce qui est dommage, on est tous Sénégalais, tous patriotes. Cette commission juridique n’est pas faite de Tchadiens, de Chinois ou de Malaisiens. C’est des Sénégalais. Cette décision est tombée sur la table du Directeur exécutif et du président de la Ligue pro. Ils auraient pu se parler, dire qu’il n’y a aucune urgence. Notre bus a été cassé trois fois. On n’a rien dit. Notre capitaine a eu une fracture à Saint-Louis, nous n’avons pas vu d’affiche. Mais ce n’est pas grave. On ne va pas rester là à pleurer. C’est un goût amer mais on est champion, Alhamdouliah. On va avancer.
Avez-vous l’impression que Teungueth FC dérange dans le football local ?
Vous savez, moi, je dis toujours le football se joue sur le terrain. Ce qui se passe dans les bureaux, les combines et autres, ça peut marcher dans les bureaux, mais sur le terrain, c’est la réalité onze contre onze. Maintenant, on peut nous priver d’une fête, mais on ne peut pas nous priver du titre de champion.
Quand est-ce que Teungueth FC recevra son trophée de champion pour le fêter ?
On nous demande d’organiser un match de gala, mais il ne faut pas oublier qu’il y a la Tabaski le 16 ou le 17 juin. On a des Guinéens, des Maliens, des Gambiens. Ils vont tous partir. Le match de gala, ça sera peut-être après. On prendra peut-être les supporters comme Allez Rio, Allez Casa, Lébougui. Les joueurs ne peuvent plus jouer. C’est la Ligue qui le prévoit le 22 juin. Maintenant, à Rufisque, certains disent qu’ils vont bouder. Il faut que je réunisse tout le monde, essayer de calmer les gens, parce que les Rufisquois sont majoritairement fâchés. Ils ne veulent même pas de ce 22 juin. On a des engagements à respecter vis-à-vis de nos sponsors. Il faut savoir raison garder. Je vais discuter avec eux calmement, mais la majorité ne veut même pas de ce 22 juin. C’est un goût amer.
Par Tidiane NDIAYE