(stades.sn) Quand on évoque son nom, la première chose qui vient en tête des fans sénégalais demeure ce but fabuleux, inscrit sur la route du Mondial 2018, en Russie, face au Cap-Vert en 2017. Mais pour les amateurs du monde du ballon rond, c’est le mot respect qui est collé à la porte des vestiaires. À contre-courant, presque, il a ramé pour définir, de manière visible, les contours de sa vie footballistique. Avec un QI loin de faire se lever des foules, il a su, avec d’autres valeurs, marquer son époque.
Cheikh Ndoye n’aura pas connu un parcours linéaire. Ses pérégrinations l’auront envoyé partout en France et en Europe. Sur le terrain et en dehors du pré, ça n’a jamais été un fleuve tranquille. D’Épinal, club de ses débuts en France, jusqu’au Red Star, son itinéraire a été jonché d’embûches. Pour quelqu’un qui est arrivé en métropole à l’âge de 23 ans, voir les choses se dérouler avec gracilité relèverait de la pure gageure.
D’Épinal au Red Star
Pour le taulier qu’il est, se retrouver meilleur buteur d’Angers (10 buts en 2015-2016) a eu une saveur bien particulière. Il a quand même réussi à irradier le comportement de ses coéquipiers, par sa combativité et son envie, au point de rêver d’une hypothétique place en Ligue des Champions en 2017, année de la finale de Coupe de France perdue face au PSG. Son passage manqué à Birmingham (Angleterre) le ramène en France, à Angers, où leur divorce douloureux atterrit aux prud’hommes.
Le confort de ses idées s’était rudement confronté à l’inconfort de sa réalité. L’obligeant à traverser des moments (plus d’un an) sans son plaisir : jouer au ballon. Loin de forcer les analogies, au risque de passer à côté du tableau, beaucoup de joueurs ont vécu pire ou moins, sans pouvoir immerger. Mais sa force mentale et sa volonté de repousser toujours ses limites ont toujours constitué le moteur de son existence, de sa carrière, tout court. Même s’il est loin d’avoir un QI requis pour faire se lever les foules, par ses arabesques et autres dribbles chaloupés, il s’est appuyé sur d’autres valeurs pour franchir des étapes dans sa carrière. Ce qui lui a valu d’arborer avec fierté le brassard de capitaine de l’équipe angevine.
Ce beau bébé d’1m91 et autant de kilos, n’a jamais rechigné à aller au taquet. Même en sélection nationale, avec Cissé, il a toujours revêtu le bleu de chauffe, comme partout où il est passé.
Connivence avec Habib Bèye
Une lecture pro domo de son histoire ne lui confère pas les atours d’une rock star, avec strass et paillettes, mais le sentiment du devoir accompli, de quelqu’un qui a rempli pleinement sa carrière. Tout en sachant qu’il ne fait (fera) jamais partie des joueurs que l’histoire a exaltés, magnifiés, au point de les élever au rang de demi-dieu. Lui, à 35 ans, s’est trouvé un autre challenge, en National, après un passage à vide de plus d’une année, sans faire son travail. C’est dire la simplicité qui a fait l’homme, au caractère bien trempé.
Concours bienheureux de circonstances, il y croise son compatriote de coach, Habib Bèye. Une complicité nourrie à la sève sénégalaise portera ses fruits. Avec humilité, il aborde les séances avec un enthousiasme détonant. Pour quelqu’un qui a disputé une Coupe du monde et une CAN, il fut un bel exemple pour le groupe, dixit son entraîneur qui voit en lui un futur meneur d’hommes. Cheikh Ndoye a servi de relais à Bèye sur le terrain, jusqu’à cette ultime consécration, avec la montée en Ligue 2 du Red Star.
Ses 33 sélections ont été ponctuées de 3 réalisations. Rien à côté des 14 buts qu’il a inscrit avec Angers, en 92 rencontres, et qui constituent une goutte d’eau dans l’océan des réalisations. Mais pour le taulier, qu’il assume, c’est presque une marque de reconnaissance.
Aujourd’hui à 38 ans, s’il défile son carnet de souvenirs, c’est Créteil qui expie son bonheur pur. «Créteil, quand même ! Tu montes en Ligue 2, il y avait cet engouement dans la ville. Même si, c’est vrai aussi qu’à Angers, je suis devenu capitaine et on est allés jusqu’en finale de la Coupe de France en 2017. C’était fantastique. J’ai fait mon temps en Ligue 1. C’est gravé dans ma mémoire», soulignait-il au début de son aventure avec Red Star, en 2020.
Séga DIALLO