Le président de la Fédération sénégalaise de Taekwondo (FSTKD), Ababacar Fall tire un bilan satisfaisant sur la participation des Lions aux Championnats d’Afrique à Abidjan (Côte d’Ivoire), où ils ont glané 7 médailles.
Entretien.
Président, le Sénégal rentre des Championnats d’Afrique avec 7 médailles (2 argent et 5 bronze). Quel bilan tirez-vous de cette participation ?
Nous sommes très satisfaits des résultats pour deux raisons. D’abord, lors des derniers Championnats d’Afrique, nous avions que 3 médailles de bronze alors cette édition nous avons glané 7 médailles dont 5 bronze. Ensuite, c’est d’autant plus satisfaisant, ces médailles ont été décrochées par de jeunes athlètes. Pour l’élite, ce n’est pas évident mais ce sont des jeunes qu’on a détectés lors du Grand prix Challenge et l’Open du Sénégal, qui sont venus faire ces performances. Cela montre seulement l’importance de notre participation à cette compétition. Ce sont des joutes où nos athlètes ont gagné beaucoup de points sur le classement mondial pour la qualification aux Jeux olympiques (JO) de Paris 2024. Tous nos athlètes ont pratiquement atteint les quarts de finales. Ceux qui ont des médailles ont également fait un bond dans le classement pour des athlètes qui n’étaient même pas classés. Nous avons des athlètes qui ont fait des résultats et d’autres sont très jeunes mais parviennent à s’imposer aujourd’hui en équipe nationale.
Vous louez les performances des athlètes à l’issue de la compétition. N’avez-vous pas rencontré des difficultés lors de cette participation ?
Bien sûr, nous avons connu des difficultés parce que le ministère n’avait pas pu à temps réagir par rapport à la prise en charge de la délégation. Il n’a pas pu régulariser à temps les frais de la compétition. Lors des joutes, nous n’avons pas dénoncé quoi que ce soit, sinon ça allait nous distraire un peu. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que la fédération a dû préfinancer la campagne en attendant de voir avec les autorités pour régulariser les dépenses. Les dépenses sont très lourdes et ne peuvent pas être à la charge exclusive de l’instance fédérale.
De la préparation jusqu’à la fin de compétition, n’avez-vous pas reçu le soutien ou l’apport du ministère tutelle ?
On nous disait qu’une solution serait trouvée avant le départ. Malheureusement, il n’y en avait pas. Là, nous n’avons pas encore été reçus par l’autorité. Je pense qu’une régularisation sera faite sinon c’est la fédération qui va en pâtir. Nous avons pris des engagements au niveau des agences et autres pour avoir des billets très chers et régler la prise charge de la délégation. En dehors, nous avons dégagé un bon groupe d’athlètes sur qui nous portons espoir pour la préparation des JO de 2024. C’est ce que nous projetons.
Tenant compte des dépenses évoquées, peut-on avoir une idée sur la totalité de la prise en charge lors de la participation ?
Compte tenu de la préparation pour ces Championnats, nous avons dépensé plus de 20 millions FCFA. En plus, toutes ces dépenses ont été faites sur fonds propres. On espère que la situation va se régler. Nous irons même vers le ministère pour leur exposer toutes les choses et le budget qui ont été établis. Nous sommes délégataires dudit ministère mais nous peinons à satisfaire toutes les dépenses. Nous avons beaucoup de dettes après l’Open de Dakar et les Championnats (d’Afrique). Ce n’est pas évident. Maintenant, nous nous sommes organisés en interne pour régler nos difficultés mais ce sont des charges assez importantes. En revanche, l’objectif était de participer et de faire des résultats. Et cette compétition nous a permis de nous remettre en cause.
Actuellement, le Sénégal n’a pas encore de qualifié aux JO en taekwondo. Quelles sont les perspectives pour les athlètes par rapport à cette qualification tant espérée ?
Nous sommes à quelques mois de ces joutes. Dans nos pays, nous pensons que nous devons les préparer qu’à un an des JO. Ce qui n’est pas approprié. Une compétition comme les JO, on doit la préparer quatre ans avant. Dès que les autres compétitions finissent, certains pays se mettent ou continuent automatiquement leur préparation. Mais nous n’avons pas les moyens. Nous avons beau avoir une bonne planification mais les ressources manquent pour exécuter les politiques. Le Comité national olympique sportif et sénégalais (CNOSS) nous a aidés en soutenant trois de nos athlètes à participer à des Opens en Europe (3 compétitions). Ils ont également pu séjourner au CNEP de Paris pendant trois mois. Ils ont pu glaner des points dans les différentes compétitions mais ce n’est pas suffisant. Maintenant, il reste les qualifications en Zone Afrique qui vont se dérouler au Sénégal et nous aurons la possibilité d’avoir quatre qualifiés. Là, il nous faudra tout de suite avoir l’appui des autorités pour mettre au frais nos meilleurs athlètes et les préparer. Malheureusement, nous sommes limités par les moyens. Aujourd’hui, nous envisageons d’envoyer certains taekwondoïstes dans des centres ciblés à l’étranger mais c’est impossible : faute de ressources. Au niveau local, nous voulons mettre une dizaine d’athlètes quelque part, mais cela aussi demande des choses. Mais il faudra bien se préparer pour détecter nos quatre meilleurs à présenter lors de ces qualifications.
En dehors des JO, il y aura également les Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ). Où en êtes-vous avec la préparation ?
Nous avons des athlètes qui sont revenus la semaine dernière de la Russie. Ce sont deux athlètes cadets et un junior. D’ailleurs, c’est le cadet qui a décroché une médaille. Tout cela, nous le faisons avec les partenariats que nous avons avec certains pays. Nous sommes carrément dans la préparation de cette compétition. Même pour l’Open international, qui va se dérouler à Dakar en mai 2024, nous allons mettre la priorité sur les cadets et les juniors en vue de la préparation des jeunes pour les JOJ. Les compétitions au niveau local ne suffisent pas pour la préparation. Le pari est trop faible, c’est pourquoi ils doivent aller à l’international pour se frotter aux meilleurs.
Beaucoup de fédérations nationales subissent des difficultés dans la préparation des JOJ. Ce n’est pas le cas pour la vôtre ?
Le Comité olympique avait réuni les fédérations pour échanger sur un programme de préparation et chaque instance avait défini un planning au Comité. En ce qui nous concerne, malgré le manque de moyens, nous essayons de dérouler notre programme en parfaite collaboration avec le CNOSS. Véritablement, la préparation ne se passe pas exactement comme prévu mais nous sommes en train d’exécuter notre programme. En revanche, nous ne pouvons pas dire que nous n’avons aucun souci mais nous arrivons à dérouler certaines activités pour la préparation. Nous avons fait la détection à Thiès. C’était dans ce cadre que des athlètes ont été retenus et nous avons un partenariat avec la Russie pour un perfectionnement des athlètes. Nous envisageons également un programme de formation au niveau local. Déjà, au sein des fédérations, il y a un travail à faire mais avec le Comité olympique, ça peut aller et doit aller plus vite.
Par Moustapha GUEYE