À jamais le premier demi-finaliste africain d’une Coupe du monde, le Maroc se désespère de remporter une deuxième Coupe d’Afrique, 48 ans après, et veut «dépasser la malédiction» en Côte d’Ivoire, prévient son sélectionneur Walid Regragui.
«Plus les compétitions africaines avancent, plus on s’éloigne de la date où on l’avait remportée (1976), mais ce n’est pas une raison pour se mettre la pression», a dit le technicien lors de la présentation de sa liste de 27 joueurs.
Il se l’était pourtant mise lui-même. Juste après la fin de la Coupe du monde au Qatar fin 2022, à l’heure du bilan à chaud, il avait même dit qu’il démissionnerait si les Lions de l’Atlas ne remportaient pas cette CAN.
Désormais le technicien qui régalait les journalistes par sa franchise et son ton frais lors des conférences de presse à la Coupe du monde se montre moins péremptoire.
Sur la chaîne marocaine Arryadia, il a précisé: «nous voulons nous maintenir au même niveau. Je veux arriver au minimum en demi-finale».
«Si je n’y arrive pas, je m’en irai et le nouveau coach devra continuer dans le même état d’esprit. C’est comme ça que le Maroc progressera», a ajouté le sélectionneur, sous contrat jusqu’en juin 2025.
«L’état d’esprit»
«L’état d’esprit» revient souvent dans la bouche de Regragui. Déjà, au Qatar, il avait convaincu ses joueurs qu’il leur fallait viser tout en haut, le titre de champions du monde.
En Côte d’Ivoire aussi il vise la couronne, et arrive cette fois avec un statut de grand favori, même si le sélectionneur annonce: «on va y aller pour jouer notre football, pour donner le maximum et surtout pour ne pas avoir de regret».
«Ce qui est important, c’est l’état d’esprit», a insisté Regragui, «on doit y aller en toute confiance pour dépasser la malédiction de la Coupe d’Afrique»
En effet, si le Maroc est un des plus assidus représentants de l’Afrique en Coupe du monde, avec six participations, un 8e de finale historique en 1986 et une demi-finale historique, le royaume n’a remporté qu’une CAN en 18 participations.
C’était en 1976, en Ethiopie, avec l’égalisation d’Ahmed Makrouh «Baba» à la 88e minute du dernier match de la poule finale qui déterminait alors le champion d’Afrique, sans quoi c’était la Guinée, qui menait 1-0, le vainqueur.
Colonne vertébrale
Sinon, le Maroc a connu beaucoup de déboires, dont la défaite en quarts contre l’Égypte (2-1 a. p.) il y a deux ans qui s’est terminée par une bagarre entre joueurs et staffs dans les couloirs du stade Amadou Ahidjo de Yaoundé.
En 1988, le gardien Badou Zaki, héros au Mexique deux ans plus tôt, avait laissé filer entre ses gants une frappe de Cyrille Makanaky en demi-finale à Casablanca, faisant pleurer tout un pays.
La génération Marouane Chamakh-Youssouf Hadji a frôlé le titre, finaliste en 2004, battue par la Tunisie (2-1) chez elle.
Pour venger enfin tous ces mauvais souvenirs, Regragui s’appuie sur la même équipe qu’au Qatar, avec sa colonne vertébrale Yassine Bounou, Achraf Hakimi, Romain Saïss, Sofyan Amrabat, Hakim Ziyech et Youssef En-Nesyri.
Il a même renforcé la concurrence avec le Marseillais Amine Harit, qui s’était blessé gravement à un genou peu avant le Mondial, et fait monter quelques jeunes comme Ismaël Saibari (PSV Eindhoven) ou Chadi Riad (Bétis Séville).
«On a un bon équilibre entre le présent et l’avenir», estime Regragui. Saibari et Riad ont remporté en 2023 la première CAN Espoirs du Maroc, et ont montré à leurs aînés comment on brise une malédiction.