Le derby de la banlieue ne donnera pas une version expurgée de l’histoire de la Ligue 1, tant ces deux formations ont habitué le public à se donner dans la limite de leurs possibilités, pour le rendre attractif. Cette bataille de dimanche prochain ne pourra déroger à la règle, d’autant que les deux équipes se tiennent presque au collet. Seuls trois points séparent Guédiawaye (22 pts, 5ème) de Pikine (25 pts, 3ème). Pour dire que rien, ou peu, sépare deux clubs qui espèrent, toutefois, une fin de saison plus conforme à leurs investissements et espérances.
Incandescent, le derby de la banlieue le sera. Ce genre de rencontres, où aucune des formations ne voudra perdre. La passion et la pression seront telles, pour les deux écuries, que la perdante pourrait voir sérieusement le moral de ses troupes entamer pour le reste de la compétition. Même si Pikine a du mal, beaucoup de mal, à remporter le gain de cette rencontre si spéciale (aucune victoire au cours des cinq dernières confrontations), malgré sa prépondérance au niveau des résultats. L’entraîneur Massamba Cissé l’aura appris à ses dépens. Il a été limogé après la défaite de l’an dernier face à l’adversaire de dimanche. C’est dire ô combien est important ce match.
Pikine fait un bon exercice, cela ravit ses afficionados. Se retrouver dans le top trois traduit certes une certaine régularité au niveau des résultats, mais le cri de cœur des fans demeure constant. «On peut perdre, mais pas contre Guédiawaye», clament-ils en chœur.
Dans son approche plutôt relax, le coach Senghor dégonfle la baudruche et dédramatise. «On a une chance de disputer un derby, comme il y en a beaucoup dans le monde du football. Je me dois de sensibiliser les deux camps et appeler au fair-play. Les supporteurs doivent profiter de ces instants et laisser les acteurs produire le spectacle. Que le meilleur gagne», résume le technicien.
Pour lui toujours, ce match reste une belle parenthèse dans une saison très indécise. «On est très ambitieux, mais on doit rester calme, serein et lucide. Il ne faut pas aller vite en besogne. L’équipe est certes bien embusquée, mais on continuera à nous battre jusqu’au bout», avertit-il.
La manche aller n’avait pas connu de vainqueur (1-1), on s’attend à un match retour aussi disputé. Et peut-être aussi à un résultat étriqué. Du côté de Guédiawaye, le succès acquis loin de ses bases, face au Casa Sports, porte plus l’empreinte du nouvel entraîneur Ansou Diadhiou, le frère bourreau des Ziguinchorois.
Dimanche, les joueurs devront marquer leur territoire face à Pikine, eux qui connaissent mieux que quiconque la signification et les enjeux d’une telle rencontre. Et qui en maîtrisent plus les contours.
Pour Souleymane Fall, en charge du marketing, et membre du Comité exécutif de l’équipe, le premier défi à relever sera organisationnel. «Après l’épisode au stade Me Abdoulaye Wade, il nous faudra rester dans cette dynamique. On appelle le public à venir nombreux et dans le fair-play. Les attentes sont nombreuses dans ce match, à nous d’être vigilants, car on sera épié», explique-t-il.
À l’en croire toujours, la clé du succès résidera dans la capacité de l’équipe à garder sa sérénité. «L’engagement des joueurs sur le terrain et l’engouement des supporteurs sur les gradins seront des éléments déterminants pour la gagne», analyse notre interlocuteur. Qui pense, sans pour autant jurer, «qu’une prime spéciale serait au bout en cas de succès».
Séga DIALLO