L’Europe ne semble plus être la destination privilégiée des joueurs sénégalais. Le Soudan, un pays en proie à des difficultés sécuritaires majeures, attire les jeunes sénégalais en quête de mieux être. Et pas des moindres, c’est le gratin du football local qui est concerné par cette vague de départs. Le milieu créateur Émile Tendeng, le meilleur buteur Souleymane Cissé et le teigneux défenseur central Souané Aliou, sont tous susceptibles de rejoindre le club Al Hilal.
«On aurait compris un autre club de milieu de tableau ou de bas de tableau, mais pas le Jaraaf. Cette équipe dispose du meilleur indice CAF de tous les clubs sénégalais, il ne peut pas de dévêtir de la sorte au profit d’un club soudanais. L’équipe de la Médina n’est pas dans l’opulence, mais elle n’est pas dans le besoin non plus, au point de se débarrasser de ses meilleurs atouts», crie de rage un dirigeant sous le couvert de l’anonymat.
Indexant le manque d’ambition de la direction qui a décidé de ne se contenter des affaires domestiques. «Regardez comment on a raté de peu le championnat. Avec cette équipe, renforcée, on pouvait légitimement prétendre à mieux la saison prochaine et espérer disputer une compétition continentale. Mais voilà que le staff technique va reprendre le travail à zéro», ergote notre interlocuteur.
Il est vrai qu’avec les départs annoncés de trois joueurs du club de la Médina, à savoir le milieu de terrain créateur Aimé Tendeng, le teigneux défenseur central Aliou Souané et Souleymane Cissé, le meilleur buteur du dernier exercice, le Jaraaf serait délesté de sa colonne vertébrale au profit d’Al Hilal (Champion du Soudan). Un habitué des joutes africaines et qui fournit, avec Al Merreikh, l’ossature de la sélection nationale du pays qui caracole avec 10 points, en tête du groupe B des éliminatoires du Mondial 2026, devant le Sénégal (8 pts) et la RDC (7 pts).
Le modèle économique des clubs sénégalais ne laisse aucun doute sur leur grande capacité à mettre sur le marché leurs meilleurs éléments pour se renouveler sans cesse. Mais, voir le Jaraaf accepter de se dépouiller de la sorte repose avec acuité certains aspects économiques de notre football. Il faut repenser notre économie du football qui ne profite pas à la grande majorité, seulement à un groupuscule. Sinon, on sera toujours à la traîne avec des clubs qui servent de lieu de départ vers des cieux moins ombrageux mais pas aussi très cléments.
Alors qu’il suffisait que des efforts financiers soient consentis pour maintenir, par exemple, ce groupe pendant deux ans, faire une bonne campagne africaine, afin de mieux négocier certains éventuels départs. Et en tirer un maximum, car la scène continentale aura accru leur valeur marchande. Bref, la réalité semble autre et les clubs sont obligés de parer au plus urgent pour continuer à se coltiner un championnat dont le vainqueur n’aura que de maigres 20 millions de francs CFA. Ceci peut aussi expliquer cela.
Séga DIALLO