«Ramener une 2ème médaille olympique au Sénégal»
Il est entré dans l’histoire du taekwondo sénégalais. Bocar Diop (-58 kg) est le 3ème taekwondoïste qualifié aux Jeux olympiques après Bineta Diédhiou (2008, 2012) et Balla Dièye en 2016. À 25 ans, il caresse le rêve d’aller décrocher une médaille olympique à l’occasion du rendez-vous planétaire du 26 juillet au 11 août 2024 à Paris.
Entretien.
Qu’est-ce que cela vous fait de décrocher à Dakar la qualification aux Jeux olympiques de Paris ?
D’abord, je rends grâce au Bon Dieu qui m’a permis de réaliser un rêve. Je suis tellement heureux pour cette qualification ! C’est le fruit d’un travail de longue haleine, de beaucoup de sacrifices. La préparation a été très difficile. Sous les ordres des coachs, j’ai bien bossé et senti que rien ne pouvais m’inquiéter. J’ai débarqué à Dakar Arena en ayant la ferme conviction de pouvoir décrocher cette qualification. Dieu merci, je l’ai obtenue. Je suis très satisfait et fier de ce que je viens de réaliser. Je ne pas peux même exprimer tout le sentiment de joie qui m’anime actuellement.
Que représente cette qualification pour vous ?
Ça représente beaucoup pour moi ! C’est une très grande source de motivation par rapport à mes ambitions. Cette première qualification aux Jeux olympiques constitue clairement une étape très importante dans ma carrière. Il me reste beaucoup de choses à prouver. Comme on dit, le meilleur reste à venir, parce que j’ai en ligne de mire quelque chose de très spécial à aller chercher.
Cette chose de très spécial, on peut imaginer que c’est une médaille olympique. Vous le savez certainement, Amadou Dia Ba est actuellement l’unique Sénégalais médaillé aux Jeux olympiques et son exploit remonte à 1988…
Effectivement, cela est arrivé avant même ma naissance. C’est une belle histoire qu’on m’a racontée et ça doit nous encourager à redoubler d’efforts afin de mettre fin à la longue traversée du désert pour le Sénégal aux Jeux olympiques. On doit se battre afin de ramener une 2ème médaille olympique au Sénégal. Le pays mérite d’autres succès aux Jeux olympiques.
De quoi avez-vous besoin pour aller chercher une médaille olympique à Paris ?
Je suis un jeune Sénégalais qui n’a pas les moyens financiers de ses ambitions. Tout le monde sait ce dont a besoin un athlète qualifié aux Jeux olympiques. Si on a le soutien financier qu’il faut, on a des coachs qui peuvent permettre d’avoir une excellente préparation pour être au top niveau. Des fois, ces coachs mettent leurs propres moyens à contribution en notre faveur. Si on a le soutien financier qu’il faut, la médaille olympique viendra au Sénégal.
Bocar Diop n’a-t-il pas la bourse olympique ?
Non, je ne l’ai pas encore, mais comme je suis parvenu à décrocher la qualification, j’espère avoir ce privilège. Je ne suis pas pressé dans ma vie. Pour moi, tout doit venir naturellement. Je suis quelqu’un de très optimiste. C’est pourquoi je dis tout le temps que le meilleur reste à venir.
Pouvez-vous revenir un peu sur votre carrière ?
Ma carrière n’est pas un long fleuve tranquille. Ce n’est vraiment pas facile. J’ai vécu des moments durs, galéré avant de décrocher cette qualification aux JO. Je tiens à remercier du fond du cœur mon maître Pascal, qui est présentement aux États-Unis. Quand j’ai quitté mon fief naturel, Pout, pour venir poursuivre à Dakar ma carrière de taekwondoïste, il m’a accueilli et couvé à Pikine Taekwondo Club, où je suis à ma 5ème année. Il ne ménage aucun effort pour subvenir à mes besoins et je lui suis très reconnaissant, franchement.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre carrière ?
Les Championnats d’Afrique 2019 à Dakar ! Je devais participer à cette compétition qualificative pour les Jeux olympiques 2020, mais j’ai dû renoncer à cause du rappel à Dieu de ma maman. Elle a rendu l’âme à quelques jours de la compétition, quand j’étais en pleine préparation. Même en étant dans un état très critique, elle m’avait demandé d’aller participer à ces Championnats d’Afrique. Elle m’avait dit : «vas-y, j’ai prié pour toi, tu auras ce que tu veux». J’ai automatiquement pensé à elle quand j’ai décroché ma qualification. Paix à son âme. Aujourd’hui, son souhait est exaucé.
Avez-vous une grande expérience des compétitions internationales ?
J’ai fait plusieurs sorties sur la scène internationale. Je suis actuellement vice-champion d’Afrique dans ma catégorie, où j’ai remporté la médaille d’argent aux dernières joutes continentales en Côte d’Ivoire. J’ai fait deux Championnats d’Afrique, participé une fois aux Championnats du monde, mais aussi à des Opens World Challenge. Ce qui m’a permis d’être classé 2ème au ranking et de figurer dans le top 5 mondial.
Par Tidiane NDIAYE