Passé par plusieurs clubs européens, Mbaye Diagne (32 ans), vice-champion d’Afrique 2019 avec les Lions, a quitté l’élite turque en juin 2023 pour signer en D2 saoudienne. Crédité de 13 buts et 3 passes décisives après 25 journées, l’avant-centre d’Al-Qadisiyah se confie.
Entretien.
Qu’est-ce qui a motivé votre choix d’aller en deuxième division saoudienne ?
Les raisons pour lesquelles j’ai décidé d’aller jouer en D2 saoudienne sont très simples à expliquer. Quand on m’a fait cette proposition, j’ai mûrement réfléchi après avoir examiné la situation sur le plan économique et sportif. J’ai trouvé le challenge excitant pour une équipe qui affichait des ambitions d’accéder à l’élite dès cette saison. J’aime bien faire des choix forts, parce que je suis un homme de défis. Je suis venu en Arabie saoudite dans l’unique but de permettre à mon équipe de prendre l’ascenseur pour l’élite.
Ne regrettez-vous pas ce choix ?
Non, je n’ai rien à regretter. Si c’était à refaire, je l’aurais fait. Avec la proposition que j’ai reçue, je suis le seul à savoir pourquoi j’ai accepté de jouer en D2, une première dans ma carrière sportive. Le défi, que j’aimerais relever, est de faire monter cette équipe ayant quitté la D1 depuis des années. Nous sommes sur la bonne voie et je prie le Bon Dieu de nous aider à atteindre l’objectif.
Votre club est largement en tête de la deuxième division saoudienne avec 56 points après 25 journées…
Effectivement, le club est actuellement leader et nous comptons le maintenir dans cette position jusqu’à la fin de la saison. On tient le bon bout, il n’est pas question de lâcher du lest. On se battra jusqu’à assurer la montée. C’était ça l’objectif de départ. Nous, joueurs venus de l’étranger, avons de bons salaires. D’où l’obligation de répondre aux attentes placées en nous. L’année dernière, j’ai été meilleur buteur avec 25 buts. J’avais beaucoup de propositions d’équipes de D1, mais quand l’offre d’Al Qadisiya est venue, je ne pouvais pas refuser. Je n’ai pas accepté de descendre en D2 pour rien. Ce serait super de remporter le titre de champion.
Le fait d’évoluer en D2 saoudienne ne vous éloigne-t-il pas de l’équipe nationale ?
Franchement, en signant en D2 saoudienne, je n’ai pas pensé que cette option m’éloignerait de l’équipe nationale. Mon niveau dépasse largement la D2. Je sais bien pourquoi j’ai fait ce choix (rires). Je vous ai déjà dit, qu’avant de rejoindre ce club, je ne peux même pas dénombrer les offres que j’ai rejetées, venant de clubs de D1. Dieu a fait qu’on n’a pas trouvé un accord. Comme on dit, time is money. Je travaille pour réaliser mes projets et aider ma famille. Je ne veux pas avoir des regrets après la fin de ma carrière sportive. J’ai joué partout, sans chercher à avoir la notoriété.
Beaucoup de stars ont migré en masse l’été dernier du côté de l’Arabie saoudite. Après des mois, que pouvez-vous nous dire par rapport au football saoudien ?
Il n’y a rien de facile. C’est un football très compliqué. Le jeu est dur. C’est un peu à l’image du football en Afrique. Ce n’est pas un football très organisé, mais ça va. Je n’ai rien à craindre. Pour un joueur venu d’ailleurs, il faut s’adapter rapidement sinon ça risque d’être très compliqué, parce que les Saoudiens sont très exigeants. Tu sens qu’ils ont cette envie de faire monter leur football en puissance. C’est un championnat très compliqué. Ce n’est pas comme en Europe où tout est mieux organisé. En Arabie saoudite, il faut être prêt à tout donner en jouant.
Est-ce qu’il vous arrive d’échanger avec certains compatriotes évoluant en Arabie saoudite, comme Sadio Mané, Kalidou Koulibaly, Habib Diallo Diallo, Édouard Mendy ?
Pas plus tard qu’hier (mercredi), j’ai échangé avec Habib Diallo. Sadio Mané, on se parle pratiquement chaque jour. Idem pour Kalidou Koulibaly. On a créé un groupe où on discute très souvent. Sadio et Édouard Mendy, on s’est déjà vu. Je n’ai pas encore eu l’occasion de rencontrer les autres. Nous avons tous la même passion : le football, un sport business. On n’a pas de problème parce que les Saoudiens font preuve de solidarité. S’ils voient que tu es sérieux, ils t’accompagnent dans tout. Je suis focus sur mon club. J’ai la chance d’être titulaire dans n’importe quel club où je suis allé.
Qu’est-ce cela vous fait de ne plus être convoqué en sélection ?
Je ne suis plus revenu en équipe nationale depuis 2021, quand j’étais à West Bromwich Albion. C’est vrai que suis nostalgique de la sélection, mais je me plie à la volonté divine. Je n’ai rien à regretter dans ma carrière de footballeur.
Quels sont vos objectifs personnels pour cette saison ?
J’ai signé un contrat de deux ans, ce qui veut dire qu’il me restera un an de contrat à la fin de la saison. Mon objectif, c’est clairement de faire monter l’équipe. On m’a payé beaucoup d’argent pour ça. Je me donne à fond parce que je dois satisfaire mes employeurs. Au début, j’ai raté deux matchs. Après, j’ai joué trois matchs comme remplaçant en raison d’un problème musculaire. Maintenant, tout va bien. Je suis à 13 buts et 3 passes décisives. J’ai encore envie de marquer des buts. D’ici la fin de saison, je compte atteindre la barre des 20 réalisations. Ce qu’aucun autre attaquant n’osera décréter.
Par Tidiane NDIAYE