Rien de révolutionnaire ne serait ressorti hier de la réunion du Comité exécutif (COMEX). Le conclave, qui aura duré plus de douze tours d’horloge, ne serait pas allé dans le sens voulu par une bonne majorité des suiveurs de la sélection nationale. Au moment où nous mettions sous presse, la tendance était qu’Aliou Cissé continue l’aventure avec les Lions. Selon des sources concordantes, c’est la forte décision du COMEX de la Fédération sénégalaise de Football (FSF).
La précoce élimination des Lions face à la Côte d’Ivoire reste toujours en travers de la gorge des Sénégalais, qui y sont allés de leurs commentaires, des plus durs aux plus softs. L’entraîneur, qui a été hué à sa descente d’avion, lors du retour des Lions, a dû se faire une idée précise de quelle catégorie de fans lui a réservé ce bouillant et bruyant retour.
L’urgence, mot qui est revenu longtemps dans les débats, ne peut et ne justifie aucunement cette posture mesurée des membres du COMEX pour arguer la continuité. Les deux rencontres amicales en France auraient pu servir de base de travail au remplaçant de l’ancien capitaine des Lions.
Alors, si toutes les grandes sélections étaient confrontées au même timing, certaines n’ont pas hésité une seconde à changer d’attelage après une sortie de route prématurée. Loin des objectifs assignés au responsable technique. Le Sénégal du foot aurait opté pour la douce continuité.
Cissé peut-il se réinventer, se renouveler et distiller un autre discours ? Après neuf ans à la tête de la sélection (il a été nommé le 4 mars 2015 en remplacement d’Alain Giresse), le premier adversaire de Cissé demeure l’usure. Il reste fidèle à des certitudes qui s’étiolent au fil des matchs, car ceux qui doivent les fortifier sur le terrain ne sont pas toujours au top. Si ce n’est lui qui se fourvoie tout bonnement en se perdant dans sa grille de lecture de la situation du moment. Une résurgence, serait-on amené de révéler, dans son approche tactique. L’exemple le plus patent et le plus récent demeure cette élimination face à la Côte d’Ivoire. Son entêtement à laisser l’initiative à l’adversaire et de confiner son équipe à défendre ne nous aura vraiment pas réussi. Comme la pâle copie livrée par l’équipe face au Togo, à Lomé, au second tour des éliminatoires de la Coupe du monde.
Un entraîneur sursitaire et épié
Pour un entraîneur en sursis, se renouveler devient un impératif. Et c’est à ce niveau que réside toute la problématique dans cette continuité. Le COMEX demande à Cissé de rester lui-même tout en se réinventant une nouvelle approche dans l’analyse des rencontres. En gommant par exemple les lenteurs observées dans ses prises de décision en cours de match. Reproche à lui fait par bon nombres d’observateurs. Dire que les mauvaises habitudes ont la vie dure, c’est un euphémisme.
Étoffer son staff
Le haut niveau est une affaire de techniciens aguerris, en nombre, sur le banc pour apporter, à l’instant, la bonne information tactique, dans la prise de décision du coach. Sans être réducteur, Aliou Cissé semble bien seul sur son banc. Et il faut qu’il prête davantage une oreille attentive à ceux qui l’entourent. Ce qui est à l’origine du courroux de techniciens appelés, par un passé récent, à travailler avec lui. Notamment les superviseurs qui n’avaient guère apprécié son comportement quand il s’était agi de procéder à la restitution de leurs réflexions… techniques. Alors que le partage d’informations sur la manière de jouer de l’adversaire est devenu une denrée dont aucun technicien ne peut se passer.
Effectif à lifter
Donner une place de choix aux jeunes qui cognent aux portes de la sélection en renouvelant un effectif où trône bon nombre de trentenaires. L’opération d’équilibriste que Cissé est appelé à effectuer. Car, dix (10) joueurs de l’effectif en Côte d’Ivoire ont trente ans et plus. On ne demande pas de s’en débarrasser comme d’une chiquenaude, mais de juste trouver la meilleure formule, la bonne osmose entre les anciens, toujours performants, et les jeunes.
Le secteur, qui aura besoin d’un lifting, à n’en pas douter, reste le milieu de terrain. Derrière le trident plein d’allant (Pape Guèye, Lamine Camara et Pape Matar Sarr), qui a fait forte impression au premier tour, se cachent des trentenaires pas encore usés, mais de moins en moins fringants.
La prochaine liste à publier, concernant les matchs amicaux nous donnera plus d’indications et de repères sur la nouvelle feuille de route de Cissé. Sur ses intentions nouvelles et du souffle nouveau qu’il compte insuffler à son groupe.
Les deux matchs du rachat
Les deux matchs test en France, face respectivement au Bénin et au Gabon serviront de baromètre à Cissé. Il sera épié, surveillé et surtout noté sur sa capacité (retrouvée ou perdue) à (re)dynamiter une sélection tardant à donner toute la plénitude de la richesse de son effectif.
Il faut juste rappeler que l’ordre du jour comptait sur, outre l’évaluation du travail de Cissé à la dernière CAN 2023, de l’évaluation de la campagne mondiale de Beach Soccer et de l’attelage en sélection nationale U20.
Séga DIALLO