Trois médailles d’or, une médaille d’argent doublée de qualification aux Jeux olympiques de Paris 2024 et une médaille de bronze. C’est la moisson des rameurs sénégalais au sortir des Championnats d’Afrique de canoë et para canoë bouclés dimanche au Nigeria. Ce dont se réjouit beaucoup le président de la Fédération sénégalaise de Canoë et Aviron, Ady Fall.
Entretien
Quel bilan tirez-vous de la participation aux Championnats d’Afrique où le Sénégal a eu trois médailles d’or, et surtout celle en argent doublée de qualification aux Jeux olympiques ?
C’est un sentiment de satisfaction, parce que ce n’était pas évident d’aller participer à un Championnat d’Afrique où il y avait presque tous les pays dans un contexte de qualification pour les Jeux olympiques. Une qualification que tout le monde cherche. Alors, nous nous sommes préparés depuis plusieurs mois avec les encadreurs au niveau local comme international. Le projet a été bien peaufiné dans le seul but d’aller monter sur le podium et ensuite décrocher la qualification olympique. C’est important parce que la qualification olympique est cherchée par les athlètes de tous les pays. C’est l’ultime palmarès avant d’arriver à la médaille olympique. Donc, le fait de pouvoir se qualifier est une double satisfaction. Nous avons décroché cette qualification olympique grâce à Combé Seck en C1 200 m canoë. Ensuite, nous avons décroché une double médaille d’or en para canoë avec Martin Diatta en bateau et en pirogue. Edmond Sanka a aussi décroché une médaille d’or. Mais il n’est pas qualifié pour les Jeux olympiques, parce que les qualifications olympiques concernaient uniquement les athlètes valides. Combé Seck et Madjiguène Seck ont remporté la médaille de bronze en C2 500 m. Malgré les contextes difficiles, on avait retenu avec la direction technique d’amener 7 athlètes, en plus de l’encadrement technique. Malheureusement, on pas pu réunir l’ensemble des moyens financiers nécessaires pour participer, puisque le ministre n’a pas répondu à la dernière minute à cause de problème de budget.
Donc le Sénégal n’était représenté que par ces quatre athlètes ?
Oui, il y avait quatre athlètes sénégalais et un entraîneur français. C’était difficile, mais c’était impensable de ne pas y aller, parce que les athlètes travaillent pendant des années en ayant les Jeux olympiques en ligne de mire, et cela passe par la qualification. Donc, il fallait faire ce sacrifice.
Êtes-vous allés à ces Championnats d’Afrique avec les moyens de la fédé ?
On n’a reçu aucun sou de l’État du Sénégal. C’est vrai qu’il ne faut pas tout peindre en noir, car parmi les 5 compétitions internationales, le ministre a financé le tournoi continental à Abuja au mois de juillet. D’ailleurs, c’est le lieu de le remercier. Mais compte tenu de notre statut, même si on n’est pas parmi les fédérations les plus connues au Sénégal, le canoë-kayak du Sénégal est connu au niveau olympique. Aujourd’hui, nous sommes la seule fédération constante par rapport à la qualification olympique depuis 2008. Donc, on doit mettre le canoë-kayak dans des bonnes conditions comme l’a fait le Comité olympique avec l’offre de bourses olympiques. Il faut que l’État ait beaucoup plus de regard et de considération pour les fédérations déshéritées comme la nôtre qui est pourvoyeuse de qualification olympique.
Aujourd’hui, Edmond Sanka est toujours en course pour une qualification, de même que Martin Diatta. Qu’est-ce qui leur reste pour réaliser ce rêve ?
Ils sont en très bon voie, surtout Edmond Sanka. Il y a déjà quelques mois, il a participé aux Championnats du monde avec Martin Diatta. Edmond était arrivé en finale B. D’ailleurs, il a raté de très peu la place de quota sur la finale A en arrivant à la 4ème place. Un vrai paradoxe : l’Algérien qui avait terminé à la 3ème place a été battu dimanche par Edmond à l’épreuve du 200 m à Abuja (Nigeria). Avec un peu plus de concentration, Edmond aurait pu décrocher la qualification olympique il y a dix jours lors des Championnats du monde en Allemagne. C’était valable pour Martin, qui a aussi fait un bon chrono pendant ces Mondiaux. Aujourd’hui, ils sont dans de très bonnes dispositions. Il suffit juste qu’ils continuent de travailler d’ici le mois de mai pour aller chercher le quota pour le Sénégal lors de la Coupe du monde en Hongrie.
Est-ce à dire que la Fédération sénégalaise de Canoë et Aviron espère au moins trois athlètes qualifiés pour les Jeux olympiques ?
Oui. De toute façon, l’aventure va continuer car au-delà de la qualification qu’iront chercher Edmond Sanka et Martin Diatta lors de la Coupe du monde de para canoë en Hongrie, il y a Jean Pierre Bourhis, qui était aux JO de Rio 2026 et ceux de Tokyo, et son frère Ives Bourhis. Ils iront chercher la qualification olympique en février à l’île de La Réunion. Dans ce TQO de à l’île de La Réunion, le Sénégal ne peut avoir qu’un seul athlète qualifié. Edmon a 80% de chance pour acquérir son quitus. Jean Pierre Bourhis et Ives Bourhis sont les deux meilleurs Africains en canoë slalom. Cela fait que l’un ou l’autre peut se qualifier. Pour ne pas exagérer, je peux dire que nous espérons trois athlètes qualifiés pour Paris 2024.
Par Tidiane NDIAYE & Daouda SÈNE