Depuis Bamako, le coach Alou Badra Diallo dit Conty a accepté de nous accorder une interview. Dans cet échange avec Stades, le sélectionneur des U23 du Mali est revenu sur son remontada contre les Lions.
Entretien
Coach, pouvez-vous revenir sur le match gagné contre le Sénégal (3-0) à Bamako ?
Le match retour était abouti pour nous, à part une première mi-temps un peu difficile car, les gosses étaient un peu stressés, ils ne voulaient pas prendre un but. Ils ont suivi mes consignes car, je leur avais dit d’être patients. J’avais surtout insisté sur le fait que même si nous étions éliminés au coup d’envoi, il ne fallait pas s’affoler. Il faut jouer doucement car, je savais que le Sénégal pouvait profiter de la moindre erreur comme au match aller. Ce sont des jeunes et pour la plus part, c’est la 1er fois qu’ils jouent devant leur public au Mali. Sur les 18 joueurs, 15 n’ont pas joué au Mali. Ils avaient une forte pression, s’y ajoute la visite des dirigeants de notre football pour rappeler l’importance de la qualification. Soit ça passe ou ça casse. Nous connaissions les points forts du Sénégal et ses points faibles. Nous avons beaucoup travaillé sur cela.
Comment aviez-vous fait pour renverser le Sénégal après la défaite 3-1 à Dakar ?
À la fin du match au Sénégal, arrivé à l’hôtel, j’ai visionné les matchs avec mon staff technique, donc, vu les buts que nous avons encaissés et les opportunités que nous avions ratées. J’ai dit aussitôt à mon staff qu’il nous faut du renfort pour éviter les erreurs faites. Peut-être que le Sénégal a une face cachée, qu’il n’a pas montré tout son talent, tous ses secrets car, chaque match à ses vérités sur les préparations. Les matchs ne se ressemblent pas et j’ai toujours appris dans le football que rien n’est impossible et que tout est possible dans un match de football. Au match aller, on a offert des buts au Sénégal et on a fait des erreurs qui nous ont coûté des buts, donc, j’ai musclé mon discours, il fallait jouer sur la psychologie, le mental et tout.
On se souvient à Dakar, vous aviez dit que vous allez vous renforcer pour créer l’exploit…
À Dakar, ce qui nous a manqué, on avait pris les 3 buts, les erreurs commises sont venues dans l’axe, c’étaient des pertes de balles au niveau de nos deux récupérateurs qui ont perdu ces deux ballons sur les deux premiers buts. Ensuite, au niveau de l’attaque, on avait une équipe du Sénégal bien en place. C’est le football, vu la qualité produit par l’équipe sénégalaise, ils ont mérité la victoire.
Comment avez-vous trouvé l’équipe du Sénégal lors des deux matchs ?
Au match aller, l’équipe sénégalaise était très à l’aise, un peu plus réaliste et expérimenté que nous. C’est une équipe qui compte sur ses ailiers, en l’occurrence (Ibrahima) Dramé et (Samba) Diallo. Au milieu de terrain, leur numéro 6 (Mamadou Lamine Camara), ce géant nous a beaucoup gênés. Le point fort de l’équipe du Sénégal, c’est qu’ils ont une vraie formation, des centres de formations, de vrais formateurs vraiment, ils s’adaptent au professionnalisme. Je pense que le Sénégal est venu au Mali trop confiant, c’est peut-être cela qui les a fait perdre le match retour.
Quel discours avez-vous tenu à vos joueurs pour réussir le remontada ?
J’ai mis les jeunes à l’aise. Un joueur doit être heureux de porter le maillot de son pays. À partir du moment où on porte le maillot, l’honneur est une obligation. Ensuite, c’est une génération qui doit profiter des opportunités, ils vont voir les autres équipes d’aller à la CAN s’ils veulent intégrer l’équipe A, c’est à eux de montrer qu’ils sont là. J’aime le caractère avec un gros mental, et je compte sur les qualités individuelles des joueurs. Si on veut tirer le meilleur d’un joueur, il faut aller vers lui, les entraineurs sont responsables des joueurs. Le talent est là, mais il ne suffit pas si on ne l’utilise pas.
Le coach Demba Mbaye avait dit que ces joueurs n’étaient pas prêts mentalement. Avez-vous également décelé ce problème ?
Il est très facile de critiquer un match que vous avez déjà gagné, de faire la fine bouche. Demba Mbaye connaît le mental de ses joueurs. C’est une équipe capable de vous mettre 2 buts en 20 minutes. Nos jeunes attaquants avaient l’avantage par rapport à la vitesse et l’accélération. On a décelé des failles au niveau du milieu de terrain, si nous les pressons, on pouvait les mettre en difficulté. Si on les provoque sur les côtés, on réussit. Dans le football africain, celui qui boxe le premier, gagne. À l’aller, ils ont boxé en premier, on est rentré KO et au retour on a boxé en premier. On a préparé quelque chose contre l’équipe du Sénégal et cela nous a réussis. Je suis un peu chanceux quand je joue contre le Sénégal. J’ai joué contre trois clubs sénégalais en Afrique, c’est-à-dire Casa Sport, AS Douane et Pikine. J’ai gagné contre les deux premiers et perdu contre le dernier. Je connais bien le football sénégalais.
Par Anta Faye DIOP