Le président de la Fédération sénégalaise d’Athlétisme (FSA), Sara Oualy, considère que rien n’est encore fait dans le cadre de l’athlétisme pour la préparation des Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ) de Dakar 2026. Il salue les performances de Louis François Mendy à Budapest avant d’évoquer les maux de l’athlétisme sénégalais.
Sur la préparation des JOJ de 2026
«Pour les JOJ, on est parti du mauvais pied. On ne peut pas prétendre à participer honorablement à ces Jeux puisque rien n’est fait jusque-là. D’abord, on ne peut pas former des athlètes en 3 ans (période d’ici 2026). Actuellement, les athlètes ciblés par la fédération devraient être dans des camps d’entraînement dès maintenant et mis dans des conditions convenables pour la préparation. Je ne dis pas qu’on va décrocher des médailles mais on veut faire une participation honorable. Ce ne sont pas des Jeux d’enfants bien qu’ils soient réservés à la petite catégorie. Techniquement, l’athlétisme n’est pas encore dans les conditions pour bien préparer ces joutes. Il n’y a ni bourse, ni accompagnement. Ce que je peux faire, c’est de tenir des réunions avec les techniciens pour parer à tout cela, mais il n’y a toujours rien de concret pour préparer les JOJ. On ne prépare pas une compétition aussi importante avec des festivals. Je connais un peu comment on prépare un champion. Il faut qu’on mette les athlètes dans de bonnes conditions, qu’ils se restaurent et se soignent correctement. Tout cela n’est pas fait. Ils veulent attendre la dernière minute pour tout faire, ce sera compliqué. Selon le CNOSS, la préparation relève du ministère des Sports. Ils devront prendre en compte l’avis des fédérations concernées pour mieux tracer la route».
Sur les maux de l’athlétisme sénégalais
«L’athlétisme est comme tous les sports. Nous avons des problèmes matériels et financiers. Il y a pas mal de régions qui n’ont plus de pistes adaptées à l’instar de Diourbel, Kaolack, Saint-Louis… Cela constitue des creusets au cœur de l’athlétisme sénégalais. Dans la capitale (Dakar), on ne compte qu’une seule piste adaptée qui est à une trentaine de Dakar (Diamniadio). Les athlètes n’ont pas vraiment les moyens pour s’y rendre. La fédération elle-même n’a pas les moyens de fonctionnement. L’athlétisme est un sport de représentation. On ne produit pas de richesses. Comme dans tous les pays du monde, il appartient aux autorités de booster cette discipline. Peut-être qu’un jour si Louis François Mendy nous apporte une médaille olympique, elles (les autorités) vont parler des problèmes de l’athlétisme. De notre part, nous avons rédigé un plan stratégique que nous avons remis au ministre de tutelle. Nous avons dégagé tous les axes pour sortir des solutions. On fait avec les moyens du bord. Bien qu’on s’endette, il y a quelques volontés qui nous aident pour nous en sortir».
Sur la participation du Sénégal aux Mondiaux de Budapest
«Les participations de Louis François Mendy et de Sangoné Kandji n’ont pas été fameuses, surtout celle de Sangoné. Mendy a pu se qualifier en demi-finale. N’eût été son faux départ, il aurait pu tirer son épingle du jeu. Tout le monde savait qu’il avait une carte à jouer dans ces Mondiaux, au regard de ce qu’il a réalisé au cours de la saison. Louis François a fait une bonne préparation mais sa participation n’a pas été très brillante. Mais c’est satisfaisant parce qu’il était le seul Africain à se hisser à ce niveau (demi-finale). Il a une carte à jouer lors des prochaines échéances. Les JO de Paris 2024 seront plus prestigieux. La participation de Sangoné était beaucoup plus critique. Elle a été sacrée championne d’Afrique. Donc, c’était tout à fait normal qu’elle y participe».
Sur la prochaine fermeture du stade Iba Mar Diop
«Après la fermeture du stade, nous allons délocaliser nos activités à Diamniadio. Il faut le dire, tous les athlètes n’ont pas les moyens. Ce sera très compliqué. Peut-être, l’État trouvera les solutions idoines pour permettre à tous les athlètes de pouvoir s’y rendre».
Sur la relation de la FSA avec les anciens athlètes
«Nous sommes en de bons termes avec les anciens athlètes du Sénégal. Bien qu’il y ait des individualités avec qui nous n’avons pas la même vision, je n’écarte personne. Je suis très ouvert et je ne peux empêcher à une personne de participer au développement de l’athlétisme. D’ailleurs, l’initiative du Grand Prix Amadou Gackou par l’association des anciens et anciennes athlètes est à saluer. C’est une bonne aubaine qui permettra aux athlètes de se battre la prochaine fois pour bénéficier de ces prix».
Moustapha GUEYE